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Ils et elles lont fait: les parts privilégiées

La Coopérative Alina, Les coops de l’information, Courant Alternatif et la Barberie racontent leur expérience des parts privilégiées.

La Coopérative d’aliments naturels Alina

Avec son bâtiment de briques rouges, d’acier et de verre de 12 000 pieds carrés, la Coop Alina ne passe pas inaperçue sur la rue Saint-Germain Ouest, à Rimouski. Elle s’est imposée dans les habitudes de magasinage des habitants de la région et compte désormais près de 10 000 membres.

Depuis plus de 40 ans, cette coopérative de solidarité a pour mission de rendre accessibles des produits sains de qualité, biologiques et respectueux de l’environnement à la population de la grande région de Rimouski, dans le Bas-Saint-Laurent. Au fil des ans, la croissance de ses ventes et de son membership lui a permis de consolider son positionnement parmi les leaders en alimentation saine de l’est du Québec. Un magnifique parcours pour cette entreprise collective née dans un rang bucolique de la municipalité de Saint-Fabien, dans les années 1970.

À l’époque, elle est l’une des premières coopératives alimentaires du Québec. L’objectif de cette initiative de regroupement d’achats était alors de se procurer des aliments santé difficiles à trouver à l’époque. La coopérative, qui mise sur un marché d’aliments végétariens, santé et de produits naturels, s’installe à Rimouski en 1978 et occupe l’artère principale de la ville depuis 1992. 

Aujourd’hui, la Coop Alina est la plus grande épicerie santé dans l’est du Québec. Le travail acharné des membres du conseil d’administration, de la direction et du personnel, qui ont tous à cœur le travail coopératif, a ainsi porté ses fruits.

En 2015, en vue de bonifier ses services, la Coop Alina amorce une première phase d’un projet de développement d’envergure; elle débute par l’agrandissement et la rénovation des aires de vente. En 2018, elle entame une deuxième phase de développement et fait l’acquisition d’un nouveau local permettant d’offrir une aire de vente de 9000 pieds carrés, soit une augmentation de 3000 pieds carrés. Le nouvel aménagement inclura notamment un café bistro de 30 places assises, une nouvelle entrée, une terrasse extérieure, une boulangerie-pâtisserie artisanale, un nouveau comptoir-lunch santé végétarien local, un four à pizza, une augmentation des aires de produits frais et en vrac, ainsi que des nouvelles sections offrant des produits saisonniers et des accessoires écologiques à assembler soi-même. La coopérative aura également des heures étendues d’ouverture, débutant dès 7h le matin. 

Pour mener à bien ce projet de développement – en plus d’obtenir le soutien des partenaires de la finance solidaire –, la coopérative décide de mener une campagne de financement participatif «Je fais ma part» pour mobiliser et impliquer ses membres. 

L’émission d’Alina en bref

  • Montant émis en parts privilégiées: 50 000$ 
  • Caractéristiques des parts émises: 100 parts de 500$, intérêt de 4% par année non-cumulatif, payable sous forme de certificat cadeau une fois par an. Le capital est investi pour une durée minimale de 5 ans.
  • Objectifs de l’émission de parts: projet d’agrandissement et acquisition d’équipements (montant global du projet de 1,5 M$) en vue de la bonification des services aux membres
  • Autres partenaires financiers: Desjardins (300 000$), Fiducie du Chantier de l’Économie sociale (325 000$), Investissement Québec (425 000$), ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation (250 000$), Société de promotion économique de Rimouski – SOPER (60 000$), Fonds des régions Desjardins (50 000$), parts privilégiées des membres (50 000$)
  • Pour en savoir plus 

Les coops de l’information

Coopérative nationale de linformation indépendante (CN2i)

«On est certainement le seul groupe de médias au monde qui a changé sa structure de propriété, sa gouvernance, son mode de gestion, son mode de diffusion et son modèle d’affaires dans la même année!», confiait Louis Tremblay, président du conseil d’administration lors de l’assemblée générale annuelle de la coopérative, en mai 2021.

Louis Tremblay a de bonnes raisons d’être fier. Les médias regroupés au sein des Coops de l’information forment le plus grand groupe de presse coopératif au pays, avec plus de 320 membres coopérants répartis dans six grandes régions du Québec. Convaincus que l’union fait la force, ils se sont donné des services communs qui permettent d’accélérer leur stratégie de déploiement numérique tout en réduisant les coûts de fonctionnement*. Ce choix s’est avéré payant: après cinq mois d’existence, la coopérative pouvait déjà se targuer de compter 25 000 abonnés à ses publications numériques.

Tout a commencé en 2019. Le groupe Capitales Médias annonce la fermeture de ses six quotidiens régionaux: Le Droit à Gatineau et Ottawa, Le Nouvelliste à Trois-Rivières, Le Quotidien au Saguenay−Lac-Saint-Jean, Le Soleil à Québec, La Tribune à Sherbrooke et La Voix de l’Est à Granby. Déterminés à ne pas se laisser abattre, les employés et les cadres de ces quotidiens se sont mobilisés pour reprendre collectivement leurs entités respectives. La Coopérative nationale de l’information indépendante (CN2i, plus connue sous le nom Les coops de l’information) est née de leur volonté de préserver le professionnalisme, la qualité et la diversité de l’information dans les communautés du Québec.

Ce projet de reprise collective misait sur une accélération de la transition numérique des six journaux de proximité et sur la diversification de ses activités afin d’en assurer la pérennité. Pour ce faire, le nouveau groupe de presse coopératif a obtenu un financement totalisant 21 millions de dollars. En plus des partenaires financiers de la relance – Investissement Québec, la Caisse d’économie solidaire Desjardins, Desjardins Capital, Fondaction, le Fonds de solidarité FTQ, la Fiducie du Chantier de l’économie sociale et le Réseau d’investissement social du Québec (RISQ) –, les 6 coopératives régionales ont fait appel à leurs membres et à leur communauté.

Résultat? Elles sont parvenues à récolter près de 3 millions de dollars en don auprès de la communauté et 3 millions de dollars sur 5 ans en parts privilégiées auprès des membres travailleurs qui ont investi 5% de leurs salaires dans le projet de rachat collectif. Depuis, Les coops de l’info ont amplement démontré la pertinence de leur choix et leur fort ancrage dans les communautés puisqu’elles voient leurs revenus à la hausse et ont enregistré leurs premiers surplus. «Nos succès sont emballants», s’enthousiasmait Stéphane Lavallée, directeur général des Coops de l’information, au micro du Newswire en mai 2021, «Ils sont attribuables aux décisions courageuses prises au bon moment par les médias membres. Il est évident que le travail est loin d’être terminé, mais il est entamé de façon magistrale. Avec notre formule d’abonnement numérique, qui permet tout de même la consultation d’un certain nombre de contenus sans frais, nous renforçons notre modèle d’affaires tout en maintenant l’achalandage de nos plateformes numériques. Nous avons environ 2 millions de visiteurs uniques sur nos sites web chaque semaine, nous avons besoin de leur appui et de l’appui de nos annonceurs pour établir un modèle solide et viable à long terme.»

Visitez le site internet des Coops de l’information et des 6 coopératives régionales 

 

Lémission des Coops de l’information en bref

  • Montant: près de 3 M$ émis en parts privilégiées, auprès de 330 employés
  • Caractéristiques: 5% prélevés sur le salaire, aucun rendement pendant 5 ans, mais des avantages fiscaux (à travers ladmissibilité au RIC et au REER)
  • Durée: émission réalisée sur 5 ans, sur une base volontaire pour les coopérants actuels et obligatoire pour les nouveaux
  • Autre source de revenus: 2,7 M$ en dons ont également été levés par les 6 coopératives auprès de leur communauté.

Apprentissages et résultats

  • Le principal défi: l’urgence de la situation a obligé léquipe à tout bâtir en quelques mois. Ce qui aurait pu être juste un obstacle a aussi aidé à la mobilisation, le projet a été appuyé par 98% des travailleurs.
  • Le conseil: «Toujours rester guidé par ses valeurs: on plonge quand nos valeurs nous disent de le faire!» Stéphane Lavallée
  • Les retombées: les parts privilégiées des travailleurs et les dons de la communauté ont été des leviers majeurs pour lobtention du reste du financement nécessaire à la reprise collective.
  • Autres retombées: «Cette aventure collective amène aujourdhui beaucoup de compréhension et de responsabilisation: il règne un fort esprit de cohésion et de sentiment dappartenance au sein des Coop de l’info, entre autres parce que cela prenait beaucoup de courage et de détermination de la part des travailleurs. Cétait un montant important, dans un contexte de crise», Stéphane Lavallée.

Courant Alternatif

Dans le quartier Saint-Sauveur de Québec, du côté de la rue Saint-Vallier, s’affairent les camionnettes noires de Courant Alternatif, une coopérative de travail qui œuvre en électricité dans les secteurs résidentiel, commercial et institutionnel. Ici, un électricien pose une borne de recharge pour une voiture électrique; là, un système d’éclairage DEL.

Créé en 2011, Courant Alternatif réunit cinq travailleurs, dont quatre sont des membres. Pour Julien Bourgeois, l’un des trois fondateurs de Courant Alternatif, choisir le modèle coopératif lui permettait un modèle de prise en charge démocratique motivant. «Subir la décision d’un patron sans avoir voix au chapitre ne m’intéressait pas», expliquait-il à L’Exemplaire. «Bien sûr, je ne pourrai pas vendre mon entreprise pour mon fonds de pension, mais l’entreprise va durer et s’ancrer dans la collectivité», complétait-il.

Dix ans plus tard, l’équipe ne compte plus aucun des membres fondateurs, ce qui montre bien que la coopérative a su se perpétuer en changeant de mains. Simon M. Leclerc y est arrivé en 2014, non pas en tant qu’électricien, mais plutôt à titre de gestionnaire. Cet ancien gérant d’un café-bar coopératif puise dans son expérience pour contribuer à faire rouler rondement l’entreprise*.

«Pour le client, ça ne change pas grand-chose que nous soyons une coopérative. Nous offrons les mêmes services et avons les mêmes compétences que les employés d’une autre entreprise, avance M. Leclerc. Nos membres détiennent cependant beaucoup plus de contrôle sur leurs conditions de travail.» Les décisions sont prises en commun et il en va de la responsabilité de chacun de remplir ses engagements. Cela influe d’ailleurs sur le recrutement. En plus des compétences professionnelles, la coopérative recherche des travailleurs qui partagent ses valeurs et qui font preuve d’une grande autonomie.

Simon Leclerc travaille en collaboration avec la Coopérative de développement régional du Québec (CDRQ) et avec Réseau COOP afin de promouvoir les coopératives dans la construction. Les électriciens et les plombiers, notamment, se retrouvent souvent dans de petits bureaux de trois à cinq employés. Plusieurs entrepreneurs travaillent durant plusieurs années sans plan de relève clair. «La coopérative représente une voie intéressante pour assurer le transfert de l’entreprise à des employés, mais il faut démystifier le modèle dans le domaine de la construction», note M. Leclerc.

Si c’est une avenue intéressante pour le repreunariat collectif, les coopératives sont, grâce aux parts, un modèle d’investissement et de financement par la communauté. «Chaque membre contribue à la stabilité financière de la coopérative, ce qui représente un bel avantage et élimine la plupart des tracas financiers liés au fonds de roulement, notamment» explique Simon Leclerc. La particularité de Courant Alternatif, c’est de «reverser ses ristournes sous forme de parts privilégiées, ce qui permet de redistribuer les surplus à chaque membre en fonction de son travail, mais en même temps de garder des fonds dans la coopérative.»

Encore précurseure dans son domaine dix ans après sa naissance, Courant Alternatif est constamment à la recherche de nouveaux électriciens et d’apprentis pour répondre à ses très nombreux mandats. Belle preuve de succès!

Pour visionner le témoignage vidéo de Simon Leclerc

Source: Revue Gestion de HEC

L’émission de Courant Alternatif en bref

  • Montant émis en parts privilégiées: 15 000$
  • Année de l’émission: 2011
  • Caractéristiques des parts émises: ristournes reversées sous forme de parts privilégiées.
  • Objectif de l’émission de parts: réunir la mise de fonds nécessaire au démarrage de la coopérative et à l’acquisition des véhicules et du matériel
  • Taille de l’organisation: 5 électriciens

La Barberie

Fondée en 1997, La Barberie fait figure de pionnière. Cette coopérative de travail, située dans le quartier Saint-Roch à Québec, est la première entreprise coopérative microbrassicole de la province*.

Quand elle voit le jour, le secteur microbrassicole n’en est qu’à ses premiers balbutiements. Toutes les étapes du processus de production sont alors effectuées à la main, y compris l’embouteillage, qui s’effectue dès 2002. La coopérative prend rapidement de l’ampleur. Les profits réinvestis dans les installations et l’équipement ainsi que dans la spécialisation de l’équipe ne tardent pas à porter des fruit. Aujourd’hui, La Barberie emploie près d’une trentaine de travailleurs dans le quartier et produit annuellement plus de 2700 hectolitres de bières. 

Si elle a pour mission de produire et d’offrir des recettes originales et distinctives, avec le souci de démocratiser la bière en développant un sentiment de communauté, La Barberie est aussi très engagée dans le développement économique local. Située à l’extrémité est de Saint-Roch, elle s’érige en phare dans ce quartier populaire dont elle soutient la revitalisation et le développement économique et social, orientant ses politiques de commandites ainsi que ses choix de partenariats dans ce même esprit de communauté. 

La Barberie prône la consommation éclairée et encourage la production locale. La microbrasserie travaille aussi à la diminution de son empreinte écologique en plus d’être fortement impliquée dans le mouvement coopératif et le développement du savoir-faire microbrassicole au Québec.

Depuis sa fondation, La Barberie est passée de 3 à 28 travailleurs, dont 14 sont membres. Issus de tous les horizons, ils sont réunis à La Barberie autour d’une même passion, dans une entreprise qui a à cœur le développement de leur potentiel et le respect de leurs intérêts. Ingénieurs, artistes, professionnels ou étudiants, tous participent au développement du savoir-faire de l’entreprise et garantissent son dynamisme.

Tous les travailleurs de La Barberie peuvent en devenir membres et s’associer pour être collectivement propriétaires de l’entreprise. Ce sont eux qui en établissent les grandes orientations, qui siègent au conseil d’administration et qui se partagent les profits sous forme de ristournes. La Barberie réinvestit tous ses profits dans ses équipements et ses installations ainsi que dans la formation de son personnel. Le système coopératif permet d’offrir des conditions de travail avantageuses à tous les travailleurs, membres ou non. Il garantit aussi à tous le droit d’être entendu afin de fixer des objectifs axés sur le bien collectif. 

Pour marquer ses 20 ans d’existence, en 2017, la coopérative décide d’investir 500 000$ pour augmenter la capacité de production de ses installations dans le quartier Saint-Roch. Aujourd’hui, elle est en mesure de produire annuellement plus de 3000 hectolitres de bières. 

*Sources:
https://www.labarberie.com/
https://www.ccap.tv/episodes/la-barberie-emission-1/
https://www.lesoleil.com/affaires/la-barberie-rebrasse-son-image-e1301687cb88e71ad787e0c39bc95409

L’émission de la Barberie en bref

  • Objectif de l’émission: 500 000$
  • Raison: augmenter la capacité de production de ses installations dans le quartier Saint-Roch
  • Pour en savoir plus

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