Financement
participatif

Obligations
communautaires

Parts

l'ampli. / Ressources / Ils et elles l’ont fait: obligations communautaires

Ils et elles l’ont fait!

Le Grand Costumier, le Carrefour alimentaire Centre-Sud, le Bâtiment 7 et le Cinéma du Parc racontent leur émission d’obligations communautaires.

Le Grand Costumier

Après la fermeture du costumier de Radio-Canada en décembre 2014, des acteurs provenant d’une diversité de milieux, partageant la même volonté de préserver ce patrimoine culturel et de maintenir son accessibilité pour la communauté artistique, ont uni leurs forces dans cette opération de sauvegarde peu commune.

Le Grand Costumier est une entreprise d’économie sociale née en juin 2015 dont la mission vise à préserver l’intégrité de la collection reçue de Radio-Canada, à la bonifier et à en assurer la gestion au bénéfice de la création artistique. Il veille à faire rayonner l’inestimable patrimoine culturel que représente cette collection et à valoriser les métiers du costume. Le Grand Costumier offre aujourd’hui un service de location de costumes aux producteurs professionnels. Ses clients sont les costumiers et designers qui œuvrent pour la production médiatique (télévision, cinéma, publicité et médias numériques) et des arts vivants (théâtre, danse, événements culturels).

Emblématique de la créativité québécoise, la collection du Grand Costumier compte près de 100 000 costumes et accessoires et représente une vitrine sur le savoir-faire des métiers du costume. Il s’agit d’une collection de haute qualité, confectionnée selon les règles de l’art; la plupart des tissus et des garnitures sont fabriqués avec des fibres naturelles (recherchées par les créateurs pour leur qualité de tombée et de vraisemblance), de nombreux accessoires sont confectionnés en matériaux véritables, qui traversent l’épreuve du temps et qui peuvent servir un large éventail d’époques et de styles. La qualité de confection de la collection requiert néanmoins un entretien constant.

L’émission de 20 000$ d’obligations communautaires visait à restaurer une partie des costumes au sein de l’atelier de confection du Grand Costumier.

«On crée avec l’émission d’obligations communautaires une communauté de soutien, un réseau de gens qui apportent expertises et conseils, ce qui est central en tant qu’entreprise d’économie sociale et en lien avec notre mission», explique Marie Houde, directrice du Grand Costumier. «Émettre les premières obligations communautaires à Montréal démontre par ailleurs que nous sommes innovants, que nous nous intéressons à de nouvelles façons de faire pour diversifier nos sources de financement.»

L’émission du Grand Costumier en bref

  • Objectif de l’émission: restaurer une partie de la collection de costumes tout en offrant à la communauté de soutien l’occasion de s’investir dans le Grand Costumier
  • Montant visé par l’émission: 20 000$ (100% du montage financier du projet de restauration)
  • Durée de vente: 2 mois (du 3 octobre au 30 novembre 2016)
  • Terme: 5 ans
  • Valeur nominale: 1000$
  • Valeur maximale par souscripteur: 5000 $ (25% du montant total émis)
  • Taux d’intérêt: 2% (intérêt composé et versé à échéance)
  • Modalités: obligation non rachetable avant terme, transférable après 3 ans
  • Gestion des risques: constitution d’un fonds de prévoyance (30% du montant émis)

Les résultats obtenus

  • Montant atteint: 20 000$ (100% du montant visé)
  • Nombre d’investisseurs: 18
  • Profil des investisseurs: 16 citoyens, 2 entreprises
  • Montant moyen par investisseur: 1100$ (maximum: 2000$)
  • Moyens de mobilisation: réseaux de la direction et du conseil d’administration (par courriel, téléphone), réseaux sociaux, achat par des personnalités publiques
  • Investissement en temps pour l’organisme: environ 35 heures pour la conception et l’émission; ce temps n’inclut pas le temps dédié à la gestion des investisseurs pendant la durée des obligations.

Les forces de l’émission

  • Bien qu’il s’agisse d’une jeune organisation, le Grand Costumier bénéficie d’une grande notoriété et d’un rayonnement à l’échelle provinciale. L’organisme a construit des partenariats forts. Il est aussi géré par un conseil d’administration solide, doté d’expertises variées et d’un vaste réseau.
  • La réussite de la campagne de financement participatif réalisée en juillet 2016 (30 000$) a apporté encore plus de visibilité à l’organisme. La campagne a démontré la capacité du Grand Costumier à rallier la communauté.
  • L’émission de 20 000$ d’obligations communautaires est de modeste envergure, mais réaliste par rapport à la capacité financière de l’organisme et lui fait prendre peu de risque. Le Grand Costumier dispose d’une petite équipe (3 personnes à la production et 1 à l’administration), ce qui laisse peu de temps pour gérer ce type de stratégie de financement. Mais le réalisme et la solidité de la direction permettent une gestion relativement aisée du lien avec les 18 investisseurs.

En lire plus sur les retombées et les apprentissages
Découvrir le Grand Costumier

Le Carrefour alimentaire Centre-Sud

Créé en 2013, le Carrefour alimentaire Centre-Sud œuvre à améliorer l’accès à une alimentation saine pour tous et soutient le développement d’un système alimentaire local, écologique et solidaire.

Aujourd’hui, le Carrefour compte plus de 500 membres actifs et multiplie les activités pour:

  • améliorer l’accès à des aliments frais et locaux à travers le Marché solidaire Frontenac, les cuisines collectives, les jardins collectifs et le projet régional de la Carte proximité (coupons alimentaires);
  • développer l’autonomie alimentaire des citoyens par l’acquisition de compétences en cuisine et au jardin;
  • mobiliser la communauté autour des enjeux sociaux, environnementaux et politiques de l’alimentation.

En août 2020, le Carrefour alimentaire Centre-Sud faisait l’acquisition d’un local sur la rue Sainte-Catherine Est, franchissant une étape historique dans son développement. Depuis sa création, l’organisme coordonne une grande diversité d’initiatives en sécurité alimentaire réparties sur l’ensemble du quartier Centre-Sud. Mais jusqu’à présent, il le faisait depuis une panoplie d’endroits, sans avoir son propre local ni pignon sur rue.

L’ouverture d’un nouvel espace communautaire permettra au Carrefour de consolider sa mission tout en créant un milieu de vie dynamique et accueillant où les membres pourront développer un sentiment d’appartenance. Il offrira aussi la possibilité de rejoindre une population résidant dans un secteur mal desservi, d’étendre la présence du Carrefour dans le quartier en plus de bonifier la programmation par l’ajout de dîners communautaires et d’une épicerie solidaire.

Pour lui permettre de compléter son montage financier nécessaire à l’acquisition et à la rénovation du local, le Carrefour alimentaire a fait appel aux investisseurs solidaires soucieux d’agir concrètement dans leur milieu. L’organisme a ainsi offert à la communauté la possibilité d’investir et de soutenir le projet par la voie des obligations communautaires.

En six semaines, 60 investisseurs avaient souscrit à des obligations, permettant à l’organisme d’amasser 105 000$. Une deuxième émission a permis à l’organisme d’amasser 150 000$ supplémentaires afin de faire des travaux plus substantiels et de rendre le local accessible à tous et à toutes.
Source: rapport annuel 2020-2021
Pour en savoir plus sur le Carrefour alimentaire Centre-Sud

L’émission du Carrefour alimentaire en bref

  • Objectif de l’émission d’OC: 255 000$
  • Raisons: acquisition et rénovation du local 
  • Caractéristiques des obligations: obligations garanties, valeur nominale de 500$, taux d’intérêt de 2%, terme de 5 ans 
  • Résultat: objectif atteint grâce à 61 investisseurs, dont 35% résident dans le quartier

Le Bâtiment 7

Le projet du Bâtiment 7 est porté par un organisme à but non lucratif né en 2009 à Pointe-Saint-Charles à Montréal. À la suite d’une longue mobilisation citoyenne qui a duré plus de 10 ans, l’organisme s’est réapproprié le Bâtiment 7, deux immeubles industriels d’intérêt patrimonial totalisant 90 000 pi2 sur les anciens terrains du CN, en vue d’en faire un projet exemplaire de transformation sociale, culturelle, économique, politique et écologique. La conversion du Bâtiment 7 se réalisera en deux phases, commençant par le pôle des pratiques (pratiques collaboratives et services de proximité), suivi du pôle famille-santé-alimentation (CPE, centre de santé alternative, sécurité alimentaire et agriculture urbaine).

«On veut réinventer de nouvelles avenues pour le développement des communautés et pour cela il faut tout défricher au passage», confiait à l’époque Judith Cayer, chargée de projet et développement, Bâtiment 7. La première émission de 50 000$ en obligations communautaires visait à soutenir la phase de prédémarrage du projet (150 000$). Mais l’objectif de l’organisme était bien de tester et d’expérimenter cet outil pour réaliser une deuxième émission d’envergure qui viserait à soutenir la première phase du projet (le pôle des pratiques), dont le budget de réalisation est évalué à 4M$. Très vite, il s’est avéré que les obligations étaient «un excellent outil pour démontrer aux bailleurs de fonds le soutien concret de la communauté et pour réseauter», pour citer Kevin McMahon, à l’époque chargé de projet finances Bâtiment 7.

Les forces

Le projet était en prédémarrage, mais la mobilisation de la communauté et le travail réalisé pendant plus de 10 ans lui offraient une reconnaissance et une notoriété à l’échelle montréalaise. L’équipe du Bâtiment 7 est engagée, expérimentée, pluridisciplinaire et outillée pour se lancer dans la gestion des obligations communautaires. Au moment de cette première émission, le projet du Bâtiment 7 venait de recevoir des confirmations de deux subventions majeures. Le projet était à l’aube de se concrétiser, l’organisme était à quelques mois de devenir propriétaire. Les 50 000$ émis visaient le financement de la phase de prédémarrage (évalué à 150 000$). Le Bâtiment 7 prenait peu de risques, puisque le décaissement se ferait seulement si l’organisme devenait propriétaire du bâtiment. Certains investisseurs plus proches du projet ont accepté de retirer cette condition, car la cession du bâtiment a finalement eu lieu le 28 avril 2017.

En lire plus sur les retombées et les apprentissages
Pour en savoir plus sur le Bâtiment 7

 

L’émission du Bâtiment 7 en bref

  • Objectifs de l’émission: permettre le prédémarrage du projet en répondant à un besoin de liquidités à court terme, tester la communauté et préparer une deuxième campagne d’envergure (estimée à 100 000$)
  • Montant visé: 50 000$ (33% du montage financier dédié au prédémarrage)
  • Vente: 2 mois (du 3 novembre au 31 décembre 2016)
  • Terme: 5 ans
  • Valeur nominale: 1000$
  • Valeur maximale par souscripteur: 10 000$ (20% du montant total émis)
  • Taux d’intérêt: 2% (non composé) versé à échéance
  • Modalités: non rachetable avant terme, transférable
  • Gestion des risques: détention d’un actif immobilier; le décaissement par l’investisseur se fera seulement si l’organisme devient propriétaire du Bâtiment 7.

Les résultats

  • Montant atteint: 50 000$ (100% en moins de 2 mois)
  • Nombre d’investisseurs: 21
  • Profil des investisseurs: 20 citoyens, 1 OBNL
  • Montant moyen par investisseur: 2200$
  • Motivations des investisseurs: confiance dans le projet et l’équipe et volonté de voir le projet se concrétiser après 10 ans de travail sur le terrain
  • Moyens de mobilisation: organisation d’une séance d’information au début de la période de vente, sollicitation du réseau rapproché de l’organisme (courriels ciblés)
  • Investissement en temps pour l’organisme: environ 70 heures

Pour en lire plus sur les retombées et les apprentissages

Le Cinéma du Parc

Le Cinéma du Parc, véritable institution cinématographique montréalaise, met en valeur le 7e art sous toutes ses formes et propose un cinéma alternatif riche en diversité. Il se démarque dans l’écosystème culturel cinématographique avec des projections de films exclusifs, une programmation de documentaires inusités, l’organisation de rétrospectives thématiques consacrées aux plus grands cinéastes et des festivals organisés par les communautés culturelles montréalaises.

Depuis janvier 2013, les cinémas du Parc et Beaubien, deux entreprises d’économie sociale, sont administrés conjointement. Cette codirection permet de diversifier les sources de revenus et de capitalisation et de maximiser l’utilisation de ressources communes. Bien implantés dans leurs environnements, les cinémas du Parc et Beaubien contribuent tous les deux à la vitalité économique, sociale et culturelle de leurs quartiers, et plus largement de Montréal et du Québec.

Implanté dans le quartier Milton-Parc, à quelques pas du centre-ville, le Cinéma du Parc offre une expérience client singulière en misant sur la qualité de la programmation et le lien avec ses spectateurs. Afin de maintenir une expérience cinématographique de qualité pour les 165 000 visiteurs annuels, des rénovations étaient indispensables. Une première vague d’investissement a permis en 2013 de moderniser les équipements de projection et d’améliorer la qualité d’écoute des films (écrans plus grands et nouveaux systèmes sonores). Une 2e phase de modernisation était nécessaire : changement des fauteuils de deux des trois salles de cinéma, réaménagement de l’accueil, changement des revêtements de sol et installation d’une signalétique électronique. Le budget global de ces travaux réalisés sur 2 ans était évalué à environ 460 000$. Émettre des obligations était donc une occasion de mobiliser de nouvelles sources de financement et de compléter le montage financier. C’était également l’occasion pour le Cinéma du Parc, alors qu’il fêtait ses 10 ans depuis sa réouverture, de consolider sa communauté de soutien en offrant la possibilité de s’investir et de s’impliquer différemment dans ce cinéma de quartier.

«Jamais, même dans nos rêves les plus fous, on n’aurait pu imaginer que les obligations communautaires susciteraient un tel engouement. Nous savions que nous avions des supporteurs, mais que ceux-ci se manifestent de manière concrète fait plaisir!», expliquait Mario Fortin, directeur du Cinéma du Parc.

L’émission du cinéma du Parc en bref

  • Objectif de l’émission: rénover 2 salles de cinéma en complétant le montage financier et en consolidant la communauté
  • Montant visé: 100 000$ (25% du montage financier)
  • Vente: 3 mois (26 octobre 2016 au 31 janvier 2017)
  • Terme: 5 ans
  • Valeur nominale: 500$
  • Valeur maximale par souscripteur: 10 000$ (10% du montant total émis)
  • Taux d’intérêt: 2%, versé à échéance
  • Modalités: non rachetable, transférable après trois ans
  • Gestion des risques: constitution d’un fonds de prévoyance

Les résultats

  • Montant atteint: 145 000$ (145% du montant visé)
  • Nombre d’investisseurs: 189
  • Profil des investisseurs: une majorité de citoyens, une fondation et quelques organisations, dont des coopératives d’habitation voisines
  • Montant moyen par investisseur: 780$
  • Motivations des investisseurs: clients du Cinéma du Parc, amoureux du cinéma indépendant, confiance envers la gestion et la direction
  • Moyens de mobilisation: réseaux sociaux, campagne médiatique, informations lors des séances de cinéma, réseaux de la direction, de l’équipe et des administrateurs
  • Investissement en temps pour l’organisme: de nombreuses heures dans la gestion médiatique et administrative

Les forces de l’émission

  • Le Cinéma du Parc œuvre depuis plus de 40 ans et depuis 10 ans comme salle indépendante. Il est connu, reconnu et dispose d’une très forte communauté de cinéphiles.
  • Il est géré par un solide conseil d’administration (qui administre également le Cinéma Beaubien) composé de personnes expérimentées (notamment en compétences comptables et juridiques) qui disposent d’un vaste réseau. Aussi, à la direction de l’organisme, l’entreprise peut compter sur une personne charismatique et réputée pour sa vision et son leadership, tant dans le milieu du cinéma que de l’économie sociale.
  • L’équipe du Cinéma du Parc dispose de ressources en administration et en communication qui ont été mises à profit dans le processus de vente (plan média, etc.) et dans la gestion des investisseurs (gestion administrative de l’émission).
  • Le projet de modernisation et de rénovation nécessite une deuxième phase d’investissements effectués par l’entreprise qui voit, malgré les difficultés que connaissent les cinémas à Montréal, sa fréquentation augmenter au fil des années. Avec ou sans émission, le Cinéma du Parc tenait à cette modernisation pour rester concurrentiel et continuer à augmenter l’achalandage du cinéma en offrant une expérience de qualité.

En lire plus sur les retombées et les apprentissages
Découvrir le Cinéma du Parc

L’expérience de l’Artishow

À Gatineau, une école des arts de la scène a fait appel à sa communauté en 2018: elle a émis des obligations pour pouvoir réaliser une nouvelle production théâtrale. La coordonnatrice des formations explique comment leur campagne s’est déroulée.